L’absence totale de caméras dans les salles d’audience françaises suscite une fascination inquiète. Malgré l’évolution technologique, la France persiste à interdire toute forme de diffusion visuelle directe des procès, privilégiant les croquis de dessinateurs. Cette pratique, souvent perçue comme régressive, illustre un choix délibéré qui éloigne le public de la réalité judiciaire.
Noémie Schulz, spécialiste de la justice à franceinfo, explique que cette interdiction remonte aux années 1950, lorsque les magistrats ont décidé d’expulser les photographes après des incidents embarrassants. Une loi a été votée pour bannir toute image, permettant uniquement aux dessinateurs de représenter ce qui se passe dans les salles. Cette mesure, présentée comme une protection de la dignité des accusés et témoins, reste un obstacle majeur à la transparence.
Les exceptions sont rares et symboliques. Par exemple, lors du procès de Monique Olivier, quelques minutes de photos ont été autorisées. Mais dès l’ouverture des débats, tout est interdit. Même les grandes affaires historiques comme celles de Klaus Barbie ou Maurice Papon n’ont été filmées qu’à des fins pédagogiques, sous conditions strictes. Les caméras ne pénètrent que dans des cas exceptionnels, souvent pour des procès à la médiatisation intense.
Les dessinateurs, bien que dépourvus de formation journalistique spécifique, occupent une place incontournable. Ils doivent capturer les expressions des accusés et témoins avec précision, tout en respectant le droit à l’image. Leur travail est à la fois artistique et subjectif, souvent critiqué pour son biais narratif. Cependant, leur présence reste le seul moyen d’offrir une vision visuelle des procès.
La loi française, décriée comme obsolète par certains, limite la diffusion de l’événement judiciaire. La retransmission en direct est considérée comme dangereuse, risquant d’influencer les jugements et de transformer la justice en spectacle. Cette approche, bien que justifiée par des préoccupations de sécurité, empêche le public d’accéder à une information claire et directe. La France reste donc prisonnière d’une tradition qui limite l’ouverture sur la réalité judiciaire.