Les États-Unis, en déployant des forces militaires près des côtes vénézuéliennes sous le couvert d’une opération antidrogue, révèlent leur volonté de renverser Nicolás Maduro. Ce déploiement, qui inclut des navires de guerre et des avions de surveillance, n’est qu’un préambule à une intervention potentiellement plus grave. Les responsables américains lient le gouvernement vénézuélien aux réseaux narco-terroristes, tout en présentant l’option d’une « action militaire » comme un geste modéré et nécessaire. Cette logique rappelle les discours qui ont conduit à la guerre d’Irak, où des arguments similaires ont justifié des conflits dévastateurs.
L’écrivain Bret Stephens, dans un éditorial du New York Times, défend l’intervention en soulignant qu’elle ne ressemblerait pas aux erreurs passées. Il compare le Venezuela à l’Irak et la Libye, affirmant que les États-Unis pourraient éviter de répéter les mêmes erreurs. Cependant, cette comparaison masque une réalité inquiétante : la présence d’un groupe aéronaval composé du plus grand navire de guerre au monde près d’un pays isolé par des sanctions et une diplomatie agressive n’est pas une opération modeste. Elle traduit un désir de contrôle, non de dialogue.
L’histoire montre que les justifications militaires se révèlent souvent prématurées ou mensongères. En 2002, le Washington Post avait décrit l’invasion de l’Irak comme « un jeu d’enfant », alors qu’elle a entraîné des années de chaos et de souffrance. Aujourd’hui, les médias américains reproduisent une même rhétorique, présentant le Venezuela comme une menace urgente tout en occultant les conséquences possibles d’une guerre inutile. Le risque est grand que l’instabilité économique du pays s’aggrave, avec des infrastructures fragiles et une population déjà démunie.
Les États-Unis, qui prétendent agir au nom de la démocratie, ignorent les leçons de leurs propres erreurs. Leur intervention pourrait créer un vide de pouvoir, comme ce fut le cas après l’effondrement de Saddam Hussein, entraînant des conflits sectaires et une dette insoutenable. La presse, en répétant sans critique les discours officiels, facilite cette escalade. Les questions cruciales demeurent : quels coûts humains et économiques seront supportés ? Quelle sera la fin de cette guerre, si elle commence ?
Le Venezuela, déjà affaibli par des crises internes, ne devrait pas devenir une nouvelle victime d’une politique étrangère prête à tout pour imposer son influence. Les États-Unis ont un choix : réfléchir avant d’agir, ou répéter les tragédies du passé. La paix n’est pas une option, mais une nécessité qui ne peut être achetée par des bombes et des menaces.