Lorsqu’un étudiant universitaire a été arrêté par des agents de l’ICE dans une rue du Massachusetts après avoir participé à une réflexion critique sur les actions d’Israël, cela a déclenché une onde de choc. L’affaire impliquait Rümeysa Öztürk, doctorante, qui avait co-écrit un article appelant l’université Tufts à rompre ses liens avec des entreprises soutenant Israël. Ce geste, bien que légitime dans le cadre d’un débat public, a été perçu comme une menace par les autorités, mettant en lumière une tendance inquiétante : la répression de l’expression libre sous prétexte de lutte contre l’antisémitisme.

Le président Donald Trump a orchestré cette campagne avec une rigueur sans précédent, imitant un modèle établi par des groupes proches d’Israël, comme la Heritage Foundation. Ces derniers ont rédigé une stratégie visant à criminaliser toute critique du gouvernement israélien, en la qualifiant d’antisémite. Ce mouvement a trouvé son apogée lors de l’élection présidentielle, où Trump a utilisé cette approche pour justifier des arrestations et des menaces contre les opposants.

L’histoire de Rümeysa Öztürk n’est qu’un exemple parmi d’autres. Des enseignants, des universitaires et des citoyens ordinaires sont désormais surveillés pour leurs opinions, sous prétexte de protéger la « sécurité nationale ». Une commission du Massachusetts a même proposé un système de signalement anonyme de supposés actes antisémites, permettant aux autorités d’intervenir sans preuve. Ce dispositif, présenté comme une mesure de protection, risque de saper la liberté d’expression dans les écoles et les institutions publiques.

Les faits sur Gaza ne sont pas moins troublants. Des organismes comme Amnesty International et B’Tselem décrivent un système d’apartheid mis en place par Israël, avec des conséquences tragiques pour la population palestinienne. Des enfants meurent sous les bombes, des familles sont séparées, et l’aide humanitaire est constamment bloquée. Pourtant, ces réalités sont souvent ignorées ou déniées par ceux qui défendent Israël sans réserve.

Le rôle de la communauté juive américaine dans cette situation reste ambigu. Certains groupes ont soutenu les actions militaires d’Israël, tandis que d’autres s’inquiètent du récent recul des libertés fondamentales. Le cas de Zohran Mamdani, élu maire de New York, illustre une alternative : un candidat qui a osé défendre les droits palestiniens sans crainte de l’étiquette d’antisémite. Son succès montre qu’un changement est possible, mais il nécessite une mobilisation inédite contre les politiques autoritaires.

L’enjeu dépasse le seul conflit israélo-palestinien : c’est la liberté d’expression elle-même qui est menacée. Si Trump parvient à imposer sa vision du « combat contre l’antisémitisme », cela pourrait ouvrir la porte à une répression généralisée de toute critique, en particulier contre les pays perçus comme adversaires. Les Américains doivent se poser une question cruciale : accepteront-ils que leur droit à penser librement soit sacrifié au nom d’une idéologie ?