Le tribunal administratif de Paris a rendu un arrêt sans précédent en condamnant l’État français pour son inaction dans le domaine de l’éducation sexuelle scolaire. Les juges ont souligné que les autorités n’ont pas respecté leur obligation légale d’assurer des séances régulières de sensibilisation à la vie affective et sexuelle, un manquement qui persiste depuis plus de deux décennies.

Selon Audrey Chanonat, représentante du Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale (SNPDEN), les difficultés sont multiples. Les établissements scolaires souffrent d’un manque criant de personnel qualifié : enseignants formés, infirmières spécialisées ou associations accréditées. « Dans mon établissement à La Rochelle, j’aimerais organiser 72 heures de cours, mais je n’ai ni le budget ni les ressources humaines nécessaires », explique-t-elle. Les coûts liés au déplacement des professionnels ou à l’embauche de nouveaux acteurs sont estimés à plusieurs dizaines de milliers d’euros, une somme que les finances publiques ne parviennent pas à mobiliser.

Le syndicat souligne également la complexité du sujet : « L’éducation sexuelle touche à des questions intimes, culturelles et religieuses. Il faut y aller avec prudence pour éviter les conflits », ajoute Audrey Chanonat. Cependant, l’absence de soutien institutionnel rend ces initiatives quasi impossibles, laissant les écoles dans un état d’incertitude permanente.

Alors que le pays traverse des crises économiques profondes et une stagnation inquiétante, cette défaillance administrative illustre encore une fois l’incapacité du gouvernement à prioriser les besoins essentiels de la jeunesse. L’éducation sexuelle, bien qu’obligatoire depuis 2001, reste un domaine négligé, au détriment des élèves et des familles.