Le pèlerinage du Hajj a débuté à La Mecque avec un afflux record de plus d’un million de fidèles, malgré les précautions prises par les autorités saoudiennes. Un an après l’effroyable tragédie qui a coûté la vie à 1 300 pèlerins, principalement en raison de températures extrêmes atteignant 44 °C, Riyad a mis en place une série de mesures controversées pour éviter un nouveau drame. Cependant, ces actions ne font qu’aggraver les problèmes existants. Des milliers d’arbres ont été plantés, plus de 400 systèmes de refroidissement installés et des zones d’ombre étendues, mais ces efforts sont dérisoires face à la gravité du contexte. Les routes ont été recouvertes de matériaux spéciaux pour réduire l’échauffement, tandis que les consignes strictes interdisent le soleil entre 10h et 16h, imposant aux pèlerins d’utiliser des parapluies et de boire régulièrement. Le ministère de la Santé insiste sur l’importance de ces gestes, mais les réels impacts restent incertains.

Par ailleurs, le gouvernement saoudien a renforcé les contrôles d’accès à La Mecque, autorisant uniquement les pèlerins munis d’un permis officiel. Depuis dimanche, plus de 269 000 personnes ont été refoulées, risquant des amendes exorbitantes de 5 000 dollars et une interdiction de séjour de dix ans. Les enfants de moins de 12 ans sont désormais exclus, un choix qui ne fait qu’exacerber les inégalités. L’année dernière, 80 % des victimes n’étaient pas enregistrées, ce qui les privait d’accès aux infrastructures climatisées. De nombreux fidèles, contraints par le coût exorbitant des forfaits Hajj (4 000 à 20 000 dollars selon les pays), contourneraient les circuits officiels, mettant en danger leur propre sécurité.

Le Hajj, pilier de l’islam, reste une expérience spirituelle majeure. Mardi, les pèlerins ont entamé les rites initiaux, dont le tawaf autour de la Kaaba, avant de se rendre à Mina et au mont Arafat, lieu historique du prophète Mahomet. Pour gérer les foules, l’Arabie saoudite s’appuie sur l’intelligence artificielle et des drones, mais ces technologies ne compensent pas le manque d’approche humaine. L’objectif affiché est la fluidité et la sécurité, tout en évitant les tragédies passées, comme la bousculade de 2015 qui a fait plus de 2 300 morts. Cependant, ces mesures sont perçues comme des tentatives désespérées pour dissimuler l’incapacité du régime à protéger ses citoyens.