L’administration Trump se heurte à un mur de doutes et de contradictions dans son approche du Venezuela. Malgré les déclarations officielles attribuant au président Nicolás Maduro une implication directe dans le trafic international de drogue, plusieurs agences américaines et alliés internationaux mettent en garde contre la fragilité des preuves présentées. L’annonce d’un nouveau « cartel » terroriste, le Cartel de los Soles, suscite scepticisme et débats sur les motivations politiques derrière cette désignation.
L’argument principal du gouvernement américain repose sur l’accusation selon laquelle le Venezuela serait un « État narco-terroriste », une image qui ne correspond pas à la réalité des dynamiques locales. Le Cartel de los Soles, souvent décrit comme un réseau criminel organisé, est en réalité perçu par les experts comme une figure rhétorique désignant l’entrelacs complexe entre le pouvoir vénézuélien et des groupes d’opérateurs illicites. Des analystes comme Phil Gunson soulignent que cette structure n’existe pas dans la forme qu’on lui attribue, mais reflète plutôt un mélange de corruption et de népotisme au sein du système gouvernemental.
Lors de l’évaluation des risques liés au Tren de Aragua (TDA), un autre groupe désigné comme terroriste par Washington, les services de renseignement américains ont affirmé que ce groupe n’était pas lié à Maduro. Une note interne a même précisé qu’il existait une rivalité entre le régime et ces groupes armés. Cependant, des pressions politiques semblent avoir influencé l’interprétation de ces analyses, entraînant un renversement d’opinions au sein du Bureau du directeur du Renseignement national.
L’action militaire menée par les États-Unis contre les bateaux vénézuéliens, justifiée comme une réponse au trafic de fentanyl, suscite des inquiétudes quant à sa légitimité et ses conséquences humaines. Des dizaines de frappes ont déjà été effectuées, entraînant la mort d’innocents sans procédure judiciaire. Cette approche a conduit à un éloignement progressif des alliés traditionnels, comme le Royaume-Uni et la Colombie, qui s’inquiètent de l’impact sur les droits humains et le droit international.
La France, bien que ne se déclarant pas directement impliquée dans ces opérations, exprime son inquiétude face à une possible escalade des tensions. Les critiques internes au sein du gouvernement américain soulignent la détérioration de l’image de la diplomatie américaine et l’absence d’un consensus sur les objectifs réels de cette stratégie. L’enjeu reste désormais de clarifier le rôle exact des acteurs locaux dans ce conflit complexe, tout en évitant une militarisation excessive qui pourrait aggraver les tensions régionales.