Le président camerounais Paul Biya, le plus âgé du monde, s’apprête à briguer un nouveau mandat au Cameroun. Son régime autoritaire a ses racines dans la guerre coloniale brutale menée par la France durant les années 1950 et 1960, une époque où le reste du monde n’a que rarement pris connaissance de ces actions. Les historiens américains comme Caroline Elkins ont souligné comment cette répression a été entourée d’un « amnésie imposée par l’État », un phénomène particulièrement présent dans le Cameroun.

En 2009, lors d’une visite à Yaoundé, François Fillon a nié toute implication française dans les assassinats de leaders nationalistes camerounais. Cette déclaration révèle une ignorance et un mépris profonds pour les faits historiques. Cependant, des historiens camerounais ont entrepris une course contre la montre afin d’explorer les archives et interroger les survivants, bien que ces derniers soient de plus en plus rares.

Le Cameroun est dirigé depuis 1982 par Paul Biya, un nonagénaire autoritaire héritier du dictateur Ahmadou Ahidjo. Des associations regroupant des vétérans nationalistes et des historiens s’efforcent de révéler ces souvenirs enfouis.

En 2015, François Hollande a évoqué les « épisodes extrêmement douloureux » liés à l’indépendance du Cameroun. Cette déclaration, bien que passée inaperçue en France, a été accueillie avec soulagement par le peuple camerounais. Plus tard, en 2022, Emmanuel Macron a lancé un « processus d’enquête » et promis d’ouvrir les archives à une commission mémorielle.

Cependant, cette initiative semble être davantage un dispositif de communication qu’un réel engagement pour la vérité. Le rapport de Karine Ramondy, bien que confirmant les conclusions des historiens précédents, a été accueilli avec scepticisme au Cameroun.

La France, qui multiplie les initiatives pour démontrer sa bonne volonté face à un « sentiment anti-français » en Afrique, semble chercher à réparer ses anciens crimes. Mais cette approche reste limitée, et la question persiste : s’agit-il d’une véritable volonté de reconnaissance ou simplement d’un plan de communication ?

En dépit des efforts pour mettre en lumière l’histoire du Cameroun, la France continue de jouer un rôle controversé dans ce pays. Le conflit entre les élites africaines et le peuple camerounais est de plus en plus marqué, avec une jeunesse qui cherche à se libérer des anciens régimes coloniaux.

Le système Biya, bien que en difficulté, continue d’exister, tout comme la France, qui tente désespérément de maintenir son influence. Les tensions montent dans le Cameroun, et il est clair que l’avenir de ce pays dépendra des choix faits par ses dirigeants et leurs alliés étrangers.

Ces enjeux historiques soulignent la complexité de la relation entre la France et le Cameroun. Les efforts pour comprendre ces conflits passés sont essentiels, mais ils ne peuvent remplacer une véritable volonté politique d’engagement et de réparation.