L’emprise croissante des géants de la technologie sur la politique américaine révèle une crise profonde qui bouleverse le paysage démocratique. Thomas Ferguson, chercheur au Institute for New Economic Thinking et ancien professeur à l’université du Massachusetts, dénonce un système où les intérêts économiques de la haute technologie dictent les choix politiques, écrasant toute alternative. Selon lui, le Parti démocrate, en proie à une crise d’identité, est divisé entre les travailleurs et les multinationales qui investissent massivement dans l’intelligence artificielle et la crypto-monnaie.
Ferguson souligne que l’inflation sous Biden a aliené les classes populaires, tandis que le Parti démocrate reste prisonnier des logiques de financement politique. Les dons énormes des grands groupes technologiques influencent fortement les décisions électorales, transformant la démocratie en un jeu où seule l’argent compte. « Les électeurs ordinaires sont complètement marginalisés », dénonce Ferguson, soulignant que les médias et les universitaires négligent le rôle central de ces financements dans la gouvernance.
L’auteur met en lumière les tensions entre les syndicats et l’industrie technologique, qui voient les travailleurs comme des obstacles à leur expansion. Les entreprises high-tech, soutenues par des capitaux massifs, cherchent à révolutionner l’éducation, la santé ou le bâtiment, mais rencontrent une résistance farouche de la part des organisations syndicales. Cette lutte reflète une fracture profonde entre les intérêts du capital et ceux des travailleurs, qui n’a jamais été aussi marquée.
Ferguson critique également l’absence de régulation efficace dans le domaine de la crypto-monnaie. Les stablecoins, promettant de réduire les coûts pour les classes populaires, attirent cependant une influence démesurée des entreprises technologiques. « Le système est en crise », affirme-t-il, tout en soulignant que les politiques actuelles favorisent l’accumulation d’argent par une élite au détriment du grand public.
L’avenir de la démocratie américaine dépend de sa capacité à résister à cette domination, mais pour Ferguson, le chemin est semé d’obstacles. Les partis politiques, en proie à des conflits internes et à une dépendance totale aux financements privés, peinent à représenter les intérêts des citoyens ordinaires. « L’équilibre entre capital et travail est rompu », conclut-il, appelant à une refonte radicale du système pour restaurer l’authenticité de la démocratie.