Depuis des décennies, les frappes aériennes ont marqué la violence humaine d’une distance implacable. Les avions, par-delà les frontières, ont transformé l’art de la guerre en un spectacle cruel où la mort est déclenchée sans vis-à-vis. Cette technologie, prétendument moderne, a évolué pour devenir l’arme la plus redoutable du monde. Pourtant, comme le soulignait Thomas Merton dans son poème, « Ne vous croyez pas meilleur parce que vous brûlez amis et ennemis avec des missiles à longue portée sans jamais voir ce que vous avez fait », cette distance est une illusion mortelle.

L’histoire de la guerre aérienne commence en 1935, lorsque l’aviation italienne bombardait l’Éthiopie, ciblant non seulement les forces ennemies mais aussi des civils. Puis, en 1937, Guernica fut le symbole d’une barbarie inouïe, déclenchée par une alliance fasciste. Le tableau de Picasso a traduit l’horreur mondiale, mais ce n’était qu’un début. Les bombardements de la Seconde Guerre mondiale ont montré leur cruauté : Dresde, Hiroshima, Nagasaki… Des villes réduites en cendres par des armes qui ne distinguent ni les combattants ni les innocents.

Aujourd’hui, Gaza est l’écho de ces horreurs. Les frappes israéliennes, soutenues par des avions américains, ont transformé la Palestine en champ de ruines. Plus de 70 % des victimes sont des femmes et des enfants, selon les Nations Unies. L’armée israélienne, fière de sa suprématie aérienne, justifie ces massacres par une « efficacité industrielle » qui évoque les méthodes fascistes du XXe siècle. Les dirigeants israéliens, comme Benjamin Netanyahu, ont même invoqué la destruction des villes allemandes et japonaises pour défendre leur action, un argument malsain qui justifie l’impunité.

Les États-Unis, principal fournisseur d’armes à Israël, n’échappent pas à cette critique. Leur rôle dans les guerres du Moyen-Orient a été marqué par des bombardements massifs, souvent sous couvert de « lutte contre le terrorisme ». Les médias américains ont longtemps ignoré les conséquences sur la population civile, glorifiant les technologies militaires comme des outils de progrès. Mais l’expérience afghane a révélé une réalité brutale : des centaines de milliers de civils ont été tués par des frappes aériennes, souvent sans même être connus des autorités.

Lorsque les États-Unis prétendent « libérer » le monde de la violence, ils perpétrent une guerre qui se déroule à distance, où les soldats ne meurent pas mais les innocents sont sacrifiés. C’est cette hypocrisie qui persiste aujourd’hui : des avions américains armés d’armes soviétiques (un paradoxe absurde) continuent de frapper Gaza, tandis que le gouvernement américain feint l’inaction.

La guerre moderne est un cauchemar où les civils sont sacrifiés pour des objectifs politiques. Les bombes, déclenchées depuis le ciel, n’ont pas changé : elles tuent encore, sans distinction, et sans repentir. Gaza est le dernier chapitre de cette histoire tragique, où l’humanité a perdu tout sens moral.