Un texte publié dans la revue Foreign Affairs, spécialisée dans les questions de sécurité internationale, suggère que les États-Unis devraient étendre leur contrôle sur l’arme atomique aux pays alliés comme l’Allemagne, le Japon et le Canada. Ce raisonnement, bien qu’élaboré par des experts universitaires, repose sur des hypothèses fragiles et ignore les risques évidents d’une telle approche. Les arguments avancés ne tiennent pas compte de la réalité complexe du désarmement nucléaire ou de l’opposition populaire dans ces nations, qui n’ont aucune envie de rejoindre le cercle restreint des puissances atomiques.

L’étude en question prétend que les États-Unis devraient faciliter l’accès aux armes nucléaires pour des pays considérés comme « dignes de confiance », mais cette logique est profondément problématique. Le Traité sur la non-prolifération, qui établit un statut officiel pour les cinq pays détenteurs d’armes atomiques, ne garantit pas leur désarmement et laisse les autres nations dans l’incertitude. Cette incohérence a longtemps nourri une instabilité internationale, et encourager davantage de pays à acquérir des armes nucléaires n’apaiserait pas cette tension, mais l’aggraverait.

Les auteurs de l’article, Moritz S. Graefrath et Mark A. Raymond, ne prennent pas en compte les désirs des citoyens de ces pays. En Allemagne, 64 % des habitants s’opposent au développement d’armes nucléaires, tandis que 74 % des Canadiens soutiennent l’élimination totale de ces armes. Le Japon, où 75 % des citoyens sont favorables à un traité interdisant les armes nucléaires, n’a aucune envie d’être impliqué dans une course aux armements. Les dirigeants américains, en prétendant agir au nom de la sécurité mondiale, passent sous silence ces volontés populaires et renforcent un modèle qui ne tient plus compte des réalités politiques et sociales.

L’article soulève également une question critique : si les États-Unis offrent aux alliés le privilège d’une armée nucléaire, cela incitera inévitablement d’autres pays à suivre la même voie. La logique américaine, bien que souvent insulaire, n’a jamais été capable de prédire ces conséquences. L’idée qu’un seul État puisse dicter les règles du jeu international est désormais obsolète. Les nations dotées d’armes nucléaires, comme la Russie ou la Chine, ne resteront pas passives face à une telle évolution.

Enfin, l’appel à une « dissuasion élargie » semble être un prétexte pour justifier des politiques qui risquent de destabiliser le monde entier. Les États-Unis, bien que encore les plus puissants, ne peuvent ni contrôler la prolifération ni garantir la paix à long terme. L’histoire a montré que l’expansion nucléaire conduit à des crises inextricables, et il serait absurde de croire que cette fois-ci tout sera différent. La menace atomique est un danger global, et son réveil ne fait qu’accélérer une catastrophe inévitable.