Le bilan de la guerre en Irak sème le doute sur l’intégrité académique

Aujourd’hui, vingt-deux ans après l’invasion illégale de l’Irak par les États-Unis, les principaux architectes de cette opération sont confortablement installés dans des chaires prestigieuses dans les universités américaines. Figures clés comme Condoleezza Rice et David Petraeus ont vu leurs carrières diplomatiques s’épanouir en tant qu’enseignants à des institutions renommées, telles que Stanford ou Harvard.

Cette situation est particulièrement problématique étant donné le bilan effroyable de l’invasion de l’Irak. Selon les estimations du projet « Costs of War » de l’université Brown, environ 315 000 Irakiens ont perdu la vie durant cette guerre et son après-guerre – une grande partie étant des civils non impliqués dans le conflit.

En parallèle, des responsables ayant joué un rôle dans les attaques israéliennes sur Gaza occupent également des postes de premier plan au sein du monde académique. Un exemple notable est Jake Sullivan qui a récemment accepté une chaire à Harvard après avoir été conseiller en sécurité nationale sous l’administration Biden.

Cette tendance soulève la question de l’intégrité académique et de la responsabilité morale des universités qui accueillent ces personnalités controversées. Plusieurs établissements ont manifestement ignoré les appels à dénoncer les injustices commises en Irak et au Proche-Orient, préférant maintenir un silence complice.

Critiques acerbes se font entendre depuis le monde universitaire. Van Gosse, coprésident de l’association Historians for Peace and Democracy (HPAD), s’inquiète notamment du fait que ces personnalités controversées soient récompensées plutôt que punies pour leurs actions passées. « Si vous faites la guerre sans casus belli [motif légitime], c’est un crime de guerre », affirme Gosse.

Le parallèle avec les précédents historiques, comme ceux des années 1960 et 1970 lorsque l’implication étroite entre universités et complexe militaro-industriel était remise en question, est frappant. Cependant, aujourd’hui la résistance ne semble pas avoir autant d’écho.

La récente arrestation de Mahmoud Khalil par Immigration and Customs Enforcement (ICE) sur le campus de l’université Columbia illustre les risques que courent ceux qui osent contester ces politiques controversées. L’affaire a mis en lumière la peur et la résignation grandissante face à ce qu’ils perçoivent comme un manque d’autonomie universitaire.

Alors que l’on commémore le 22e anniversaire de l’invasion illégale de l’Irak, l’intégrité académique et la liberté d’expression restent des enjeux cruciaux. La décision prise par certaines institutions américaines de s’associer à ces figures controversées pose une question légitime sur leur impartialité et leur capacité à former des citoyens libres et critiques.