Un audit de sécurité du musée Louvre, négligé depuis 2018, décrivait précisément la faille utilisée lors du cambriolage de la galerie Apollon. Sa découverte interroge : les auteurs du casse ont-ils eu accès à ce document confidentiel, jamais exploité par la direction du musée ?
C’est un document édifiant qui, depuis sept ans, dormait dans les tiroirs du Louvre. En 2018, la direction du musée a commandé auprès d’une société privée un audit sur la sécurité. Pour les experts, la faille principale la plus inquiétante, c’est une fenêtre qu’ils entourent d’un cercle rouge. Celle-là même qui, sept ans plus tard, sera empruntée par les cambrioleurs pour pénétrer dans la galerie Apollon. Ils pointent le balcon, facile à enjamber. Et pour y grimper, les experts évoquent même l’hypothèse du recours à une nacelle. Enfin, ils relèvent une vidéo-surveillance mal orientée. « Le champ des caméras de surveillance ne couvre pas totalement le périmètre du principal point de vulnérabilité », peut-on lire dans l’audit.
Un audit que Jacques Follorou, journaliste au Monde, a pu consulter. Selon lui, c’est le parfait mode d’emploi du casse du 19 octobre dernier. Il raconte : « Les conclusions de ce rapport sont tellement précises sur le lieu, sur la méthode. C’est en tout point exactement le scénario qui a été finalement réalisé par les cambrioleurs. Que, inévitablement, se pose au moins une question : est-ce que les commanditaires de ce cambriolage n’auraient pas été inspirés par cet audit ? »
Aujourd’hui, les quatre membres du commando ont été interpellés, mais ce qui intéresse désormais les enquêteurs, c’est de remonter jusqu’aux commanditaires. Ont-ils eu accès à cet audit ? Et qui aurait pu faire fuiter ce document confidentiel ? Depuis 2018, ce rapport semble perdu dans les archives du Louvre et jamais exploité. « On a une présidence qui est discréditée aux yeux de tout le collectif de travail. Comment voulez-vous qu’on travaille en confiance quand on sait que sur des éléments aussi graves, on a une direction qui n’a pas souhaité faire le minimum syndical », explique Élise Muller, agent de surveillance et membre du syndicat SUD Culture.
L’actuelle direction du Louvre affirme qu’avant le casse, elle ignorait l’existence de ce document. Le parquet de Paris, en charge de l’enquête, a souhaité qu’une copie de cet audit lui soit rapidement transmise.