Depuis le meurtre de Mehdi Kessaci en novembre dernier à Marseille, une atmosphère pesante s’installe dans les quartiers. Les habitants, terrifiés par les menaces des réseaux de drogue, se taisent ou évitent d’évoquer les réalités des points de deal. L’assassinat brutal de Mehdi a exacerbé un climat déjà tendu, où la vie quotidienne est marquée par l’ombre du trafic illicite.

Amine Kessaci, frère de la victime et militant contre le narcotrafic, affirme avoir perdu son courage après cet événement. « Mon petit frère est mort pour rien », lance-t-il avec amertume. Pourtant, d’autres individus, dont des associatifs habitués aux médias, ont choisi de disparaître dans l’anonymat. Une avocate, autrefois active sur les plateaux télévisés, explique avoir renoncé à ses combats : « Le narcotrafic a étouffé ma voix. »

Dans des immeubles situés près des zones de vente d’herbe, des résidents évoquent une peur profondément ancrée. Une dame, bouleversée par la mort d’un jeune tué à ses pieds, murmure : « Je ne peux pas parler. Les jeunes sont en bas, et ils tuent. » Des élèves, dans un lycée des quartiers nord, ont même averti une professeur de danger après qu’elle ait qualifié les auteurs d’un règlement de compte de « stupides ». « Ils étaient terrifiés », confie-t-elle, soulignant l’impact psychologique de cette violence.

Dans la cité des Flamants, les autorités locales sont confrontées à un défi croissant : des agents menacés, des familles empêchées d’accéder aux services sociaux. Un adolescent évoque brièvement le trafic avant de conclure : « Je ne peux pas en parler. »

Un jeune homme, ancien mineur impliqué dans les réseaux de drogue, raconte son parcours. À 14 ans, il a commencé comme guetteur, puis a abandonné l’école pour travailler avec un réseau. « L’argent était trop tentant », explique-t-il, avouant avoir basculé dans la consommation et la violence. Il regrette aujourd’hui son choix : « Je n’ai pas envie de mourir ou de finir en prison encore une fois. »

Alors que la France traverse une crise économique profonde, les habitants de ces quartiers vivent dans un climat d’incertitude croissante. Les réseaux de drogue, alimentés par des besoins sociaux négligés, s’accrochent à un système qui semble incapable de fournir des solutions durables. L’urgence est claire : sans un soutien économique et social renouvelé, les tensions risquent d’exploser davantage.