C’est un coup d’arrêt pour ceux qui luttent contre le narcotrafic, a réagi samedi 15 novembre l’avocate Karima Meziene, deux jours après la mort du petit frère du militant écologiste Amine Kessaci. Il a été abattu jeudi par deux personnes à moto, dans le 4e arrondissement de Marseille. Karima Meziène qui défend des familles de victimes du narcotrafic craint que « la langue de bois » s’installe et que plus personne n’ose parler.

Marseille : « Les habitants des quartiers vivent dans un climat de peur », explique une avocate
« C’était déjà très compliqué d’obtenir des témoignages de familles de victimes endeuillées, de les mobiliser sur des actions, des marches ou autres », rappelle l’avocate à Marseille qui défend des victimes du narcotrafic. « Je pense qu’aujourd’hui ils ont mis un coup d’arrêt à tout ça », avance celle qui a perdu elle aussi son frère dans une fusillade en 2016. « Je pense que beaucoup d’entre nous vont réfléchir à deux fois maintenant avant de prendre la parole et de s’engager sur ces pistes-là », poursuit-elle. « C’est l’état de choc pour tout le monde, on ne comprend pas.
« On vient de passer un cap et c’est assez choquant. »

Selon l’avocate, Marseille ne pourra pas enrayer le narcotrafic et ses méfaits « tant qu’on n’aura pas une vraie volonté de s’engager, de donner des moyens », quitte à pratiquer « la politique du quoi qu’il en coûte ». « On a face à nous, des organisations criminelles extrêmement bien organisées » et pour « enrayer ce phénomène, il va falloir [que les pouvoirs publics] mettent les moyens sur la table », alors qu’aujourd’hui « on fait du rafistolage », regrette-t-elle.

Le frère d’Amine Kessaci, 20 ans, est le deuxième de la fratrie à être victime d’un assassinat. En 2020, Brahim, le grand frère, avait, lui aussi, été tué et son corps retrouvé carbonisé dans un véhicule près de la deuxième ville de France. Interrogé vendredi matin sur franceinfo sur un potentiel assassinat d’avertissement adressé au militant Amine Kessaci, le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, a indiqué que « cette hypothèse à ce stade n’est absolument pas exclue ».